Le collectif kanak est une richesse et un handicap

C’est une richesse parce qu’il est vigoureux chez le kanak alors qu’il est mourant chez le citadin occidental. La ville métropolitaine est une collection d’individus indifférents aux autres et à leur globalité. La notion d’ami s’est numérisée et diluée. La responsabilité collective est entièrement détachée du soi et confiée aux institutions, alors que ces organismes ne sont pas des individus, seulement l’assemblage de nos bras solidaires invisibles. Dans la société mélanésienne ces bras sont toujours bien apparents à tous. Les individus continuent à être propriétaires de leur collectif, et c’est une leçon que l’occidental a besoin de réapprendre.

Mais le collectif kanak est aussi un handicap parce qu’il ne sait pas s’intégrer aux autres. Sa frontière est abrupte. Il n’existe pas en elle suffisamment de consciences éduquées pour la rendre perméable. La coutume, au sein de la grande société des cultures, est statique et peu loquace. Elle ne parle pas aux autres, sauf à celles qui lui ressemblent étroitement.

Les kanaks sont enfermés dans cette conscience collective, sans possibilité de la critiquer. Tout le montre, jusqu’à la démission morale des plus éduqués devant les débordements de leurs frères. Le coupable est toujours cherché à l’extérieur de la communauté. Le blanc est diabolisé. Vous entendez par exemple dans Ouest France une Christiane Waneissi dire que les jeunes kanaks seraient cible d’un racisme en arrivant à Nouméa, alors que depuis le début de ce siècle c’est devenu le contraire : les kanaks ont développé un racisme viscéral et insidieux vis à vis des jeunes blancs. J’ai vu mes propres enfants le vivre au quotidien et partir s’installer en métropole pour y échapper. La Kanaky continue sa propagande de peuple opprimé en dépit de l’évidence qu’elle a déjà tous les moyens de s’autonomiser. La conscience kanak se fixe le nombril en permanence. Un énorme travail de désaveuglement l’attend.

En face les blancs ont également un effort de désaveuglement à faire, mais en sens inverse : regrouper leur conscience sociale. Quant on voit en métropole une gauche décérébrée s’insurger contre les tentatives de rétablir l’ordre, alors que sur place les familles nouméennes se terrent en espérant que leurs maisons échappent à l’incendie et consolent leurs enfants. À ceux-ci, une psychologue fait en visio un nouvel apprentissage de la météo : « Les enfants, nous allons écouter les bruits du dehors aujourd’hui. Si ce sont des explosions, nous saurons qu’il fait trop mauvais temps pour sortir ».

Voilà résumé l’effort conjoint à faire pour le vivre ensemble : disperser sa conscience sociale pour certains, la regrouper pour d’autres.

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