Les réseaux sociaux sont une décharge à ciel ouvert

Les réseaux sont une vaste poubelle planétaire, à l’odeur différente selon les pays, les sujets, les militantismes et surtout le niveau d’éducation. Mais partout la poubelle pue. Elle sent très fort l’ostracisme, la pourriture. L’humanité suinte la détestation, le fanatisme, le venin. Comment une telle déchéance mentale est-elle survenue, alors que physiquement elle ne s’est jamais si bien portée ? Le réseau social est-il en lui-même la plus abjecte des contaminations que notre espèce a rencontrées ?

J’ai des comptes FB, X et TT mais ne les fréquente pas. Mon profil FB a pourtant 30 ans, remontant à l’époque des premiers médecins-maîtres-toile organisés en réseau de sites santé à destination du public. Rhumatologie Pratique est encore l’un des plus consultés bien que je ne l’ai pas mis à jour depuis 20 ans, trop débordé de boulot. Après cette longue déconnexion des réseaux (sauf ce blog), je viens récemment d’y passer en raison des dramatiques évènements calédoniens. Et j’ai eu l’impression paniquante de tomber dans une benne à ordures.

La sottise des jeunes kanaks et l’animosité en réaction ont-elles perverti temporairement les réseaux calédoniens ? Je regarde ailleurs. J’examine en France les commentaires sur l’actualité. Je sonde les réseaux anglophones. Partout, le même constat. Des saletés, de la gadoue, des étrons littéraires formés de miettes d’un vocabulaire simpliste. Je suis au fond de la cuvette des WC. Je m’accroche désespérément à ma touche ESCAPE pour ne pas me faire engloutir.

Clignant des yeux larmoyants, je cherche quelques éléments de réflexion au milieu des phrases puériles. Il doit bien y avoir un peu de sens, quelques démonstrations cohérentes. L’humanité n’est quand même retournée dans la préhistoire. Je ne trouve rien, rien de rien, à part des affirmations gratuites. La presse explique; les réseaux insinuent, prétendent, se vantent. Si un journaliste est incapable de justifier ses articles il perd en crédibilité et finit dans l’anonymat. Les réseaux eux opèrent en sens inverse : ils extraient de l’anonymat les personnages les moins crédibles.

S’agirait-il d’une nouvelle école obligatoire dont je n’ai pas été averti ? Dans la salle de classe des réseaux, je vois que chaque élève a choisi d’être le professeur. Plus de hiérarchie. Chaque voix a le même pouvoir, comme dans une élection présidentielle. Est-ce cela, la démocratie participative ? À vrai dire, personne ne donne l’impression d’accepter de bon coeur ce pouvoir équivalent. Au contraire chacun voit son avis supérieur à tous les autres. Les réseaux ne sont pas au service de l’égalité mais d’une inégalité à sens unique, chacun meilleur que les autres.

Comment une foule d’internautes parvient-elle à croire que la moyenne s’est transportée soudainement au sommet ? C’est possible, mais seulement quand la notion de collectif est perdue. Plus de hiérarchie, plus de vérité meilleure qu’une autre. Ne reste que la sienne. Un monde aussi personnel que virtuel.

Les réseaux ont réussi là ont échoué les jeux vidéos malgré les heures interminables passées à capter l’attention des joueurs. Ils ont réussi à entraîner chaque internaute dans un monde virtuel confondu avec le réel. Cet univers semble plus authentique que n’importe quelle simulation puisqu’il n’a pas à se prétendre ressemblant. Il se contente de donner aux internautes les briques du monde désiré, et ceux-ci n’ont plus qu’à l’assembler à leur idée. Recette personnelle… avec des ingrédients soigneusement triés !

J’ai enfin réussi à frapper ma touche ESCAPE. Ne reste plus qu’à aller me nettoyer de ce bref et malodorant contact virtuel avec mes congénères. On ne m’y reprendra plus. Est-il possible qu’une dégénérescence ait touché l’espèce ? La COVID (Connerie Ordinaire Virtuelle Indigeste et Désenchantée) va être longue, très longue.

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