Immigration 2024: une loi inique?

Le + immigratoire

Le grand avantage de l’immigration est d’alimenter en permanence le bas de la hiérarchie, si bien que le flux ascendant domine objectivement sur le flux descendant. Existe par nature une frange de mécontents : ceux actuellement en bas de la hiérarchie, persuadés que l’engorgement à cet étage va ralentir leur propre ascension. Ils réalisent mal que les nouveaux partent de conditions bien plus difficiles, sans patrimoine. La terre sur laquelle ils arrivent est trop chère pour eux.

De fait, cette immigration est moins “abaissante” pour les locaux que celle qui s’effectue par le haut. L’immigration au sommet de la hiérarchie renforce au contraire le flux descendant. Le capital transféré achète facilement des parties significatives du patrimoine et du moteur économique. Les nationaux sont davantage enfoncés dans la hiérarchie par cette immigration élitiste.

Le + global

Cependant cette perméabilité à différents étages est celle qui collectivise les nationaux dans la société planétaire. Une hiérarchie pleinement fonctionnelle est celle qui n’exclue personne. Pour gagner en profondeur et intégrer l’espèce entière, elle doit se montrer poreuse à toutes les migrations.

Comme toute entité complexe, plus l’édifice hiérarchique est profond, plus il est fragile. Il ne peut survivre que par une régulation des flux parvenant à chaque étage. C’est toute l’importance des lois sur l’immigration, qu’elles concernent ceux qui n’ont rien ou ceux qui ont tout. Des lois trop restrictives sont aussi néfastes que les trop permissives. La régulation est un rétro-contrôle adapté à une situation économique en constante évolution.

Un rétro-contrôle économique ne se fonde pas sur des idéaux tels qu’un droit du sol, une religion, ou des actes ponctuels de terrorisme. Il se fonde sur des chiffres. Rationnellement, les chiffres de l’immigration devraient s’aligner sur des indicateurs économiques. Si les lois sur l’immigration étaient des équations mathématiques, elles seraient moins polémiques.

Le passif français

En France malheureusement, la gestion idéaliste des flux migratoires par les gouvernements de gauche a créé d’importants déséquilibres au bas de la hiérarchie sociale. Au lieu de conserver une homogénéité culturelle minimale, cette classe s’est scindée en multiples factions étanches. Loin du melting-pot vanté par les humanistes, les couches les moins favorisées fonctionnent sur le mode du féodalisme, comme le montre l’émergence des barons populistes, ainsi que le pouvoir croissant des dirigeants groupistes et religieux, et la nuisance de ce que j’appelle des groupustules —des groupes d’opinion minuscules mais très pathogènes.

Les couches supérieures de la hiérarchie, restées plus homogènes, se retrouvent de fait scindées nettement des couches inférieures, qui ne fonctionnent plus sous régime démocratique. L’élite, engoncée dans des idéaux déconnectés de la réalité de la base, est impuissante à ressouder l’édifice hiérarchique, qui tremble. Le fossé entre élite et base est plus sévère qu’entre les groupes ethniques de la base.

Le conservatisme n’est pas celui qu’on croit

C’est pourquoi, et c’est la conclusion de ce bref article, il faut reconnaître la pertinence de la sévère loi sur l’immigration actuellement proposée. Il faut reconnaître sa pertinence contextuelle, héritée d’une gestion calamiteuse sur les dernières décennies. Qu’elle contredise les idéaux de gauche est-il réellement un vice ? Ces idéaux ne sont pas négligeables, en tant que sédimentation de la réussite humaine d’une société. Mais il s’agit d’une profondeur géo-humaniste, d’un héritage du passé et non d’une gestion du présent. De ce point de vue, la gauche est plus affligée de conservatisme que la droite.

Il est plus constructif de reconnaître que la loi fait barrage au fonctionnement fluide de la hiérarchie, qu’elle tendra à stopper les flux ascendant comme descendant, et qu’il faudra l’assouplir dès qu’elle aura redonné un minimum d’étanchéité à la première couche de notre hiérarchie sociale, permettant aux gens d’abaisser leurs barrières et gagner l’impression d’appartenir à un même monde…

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1 réflexion au sujet de « Immigration 2024: une loi inique? »

  1. Certaines choses auraient complété utilement l’article mais sont plus difficiles à écrire. Une loi sévère sur l’immigration est un signal fort aux immigrés actuellement présents : intégrez-vous ou partez. Elle facilite donc l’homogénéisation de la classe populaire et la fin du féodalisme urbain.

    Quand on pose ses valises quelque part, il faut accepter des changements dans son identité en fonction des coutumes locales. J’en parle en tant qu’immigré moi-même. L’installation en Nouvelle-Calédonie a modifié profondément l’attitude que j’aurais eu en tant que simple touriste pour les gens du cru. Mon identité n’est plus la même.

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